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AMO six ans après : « Je m’en souviens comme si c’était hier »

IMG Jean Gaspard Ntoutoume Ayi au mausolée d'AMO.

(*) Par Jean Gaspard Ntoutoume Ayi

 

Nous sommes le 12 avril 2015, je suis rentré de Yaoundé il y a quelques jours afin de finaliser les formalités de son départ pour Capetown en Afrique du Sud. Mon téléphone sonne à 05h 30 du matin. C’est Yaoundé. Il ne va pas bien du tout, sur place ils n’ont pas fermé l’œil de la nuit et ont attendu que le jour se lève pour m’appeler. Nous convenons qu’il faut faire venir une ambulance de toute urgence.

 

Je tente de contacter mon référent pour ce type de situation. Je sais qu’il est absent de Libreville. Je ne parviens pas à le joindre. Après environ une demi-heure de vaines tentatives, je contacte deux autres. Le premier est lui aussi indisponible. Je lui laisse un message. Il ne réagira que 6h plus tard. Le second me rejoint aussi vite que possible à mon domicile. Il est environ 07h 30. Ensemble, nous décidons de nous rendre à Yaoundé par tous les moyens possibles. Nous envisageons alors de louer un avion. Pour cela, nous mettons un troisième dans la confidence. Nous contactons ensemble toutes les compagnies aériennes privées du Gabon afin de trouver un avion qui pourrait décoller immédiatement. Impossible d’en trouver.

 

Il est 11h 20 environ lorsque nous décidons de nous y rendre en voiture. Nous prévenons Yaoundé. Mes deux compagnons partent de chez moi pour prendre leurs effets personnels afin que nous démarrions immédiatement. À 12h 15 exactement, mon téléphone sonne, c’est Yaoundé. Ce sera la dernière fois que nous parlerons de lui au présent.

 

Je rappelle mes deux ex-futurs compagnons de route pour leur dire de revenir et que nous ne partirons plus à Yaoundé. Je comprends à cet instant l’ampleur de la situation. Sur le conseil de mon épouse  je contacte ma Nièce, mon Amie, ma confidente et lui demande de venir me retrouver à la maison. 15 minutes plus tard, elle est chez moi. Je tombe dans ses bras. Je me sens désormais en sécurité et inébranlable.

 

Mes deux compagnons sont revenus. L’introuvable est enfin apparu lui aussi. Nous devons gérer la situation. Prévenir de toute urgence la Famille et la Direction de l’Union Nationale avant de diffuser le communiqué officiel sur sa chaine de télévision. Nous convenons de nous séparer en deux groupes. L’un doit aller annoncer la terrible nouvelle à la famille que nous convoquons en réunion d’urgence à 15h, l’autre doit prévenir le Président de l’Union Nationale et ensuite le Bureau National du Parti. Je choisi d'être du second groupe.

 

Nous savons la force des réseaux sociaux et mesurons l’urgence de rendre public la nouvelle sans surprendre sa famille. Je redoute plus que tout que sa nièce qui devait le recevoir en Afrique du Sud ne l’apprenne via Facebook. Elle sera informée par sa grande sœur.

 

Je dois rapidement rédiger le texte du Communiqué. Comment trouver la force et l’inspiration pour rédiger en 15 minutes cette annonce qui ébranlera les espoirs de tout un peuple ? Que dire ?

 

Sachant à cet instant qu’il est impératif de ne pas se tromper. Après deux tentatives infructueuses, me viens à l’esprit un extrait du discours qu’il prononça le 25 janvier 2011 : "Je ne peux choisir ni comment mourir, ni quand. Mais je peux décider de comment et pourquoi je vais vivre. La préservation de la République, la restauration de la démocratie et l’amélioration significative de la condition politique, économique, sociale et culturelle de chaque Gabonaise et de chaque Gabonais sont les principes et les objectifs au nom desquels j’ai définitivement choisi de consacrer mon existence."

Je propose cet extrait, il est validé. Ce sera le texte qui accompagnera cette phrase simple :

"André Mba Obame est décédé ce dimanche 12 avril 2015 à Yaoundé".

La suite est connue.

 

Je n’ai versé mes premières larmes que le 04 mai 2015, soit 22 jours après, lorsque j’entendis sa fille dire dans l’enceinte de l’église St Jean-Baptiste de Medouneu cette phrase qu’il nous répétait si souvent : "ça va aller"

 

Désormais dans ma vie il y a un avant et un après 12 avril 2015.

 

(*)Membre du parti politique l'Union Nationale (UN).

Membre du Collectif citoyen "Appel à Agir".

Conseiller municipal de la Commune d'Akanda.

 

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