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ANBG : Près de 4 mois sans bourses pour les étudiants gabonais en France

IMG Les étudiants gabonais n'ont plus reçu de bourses depuis février.

Bientôt quatre mois que les étudiants gabonais, en France, n’ont pas reçu leurs allocations d’études. Au Gabon, c’est désormais au lance-pierre que cet argent est reversé aux étudiants. Le régime de Libreville se mure dans le silence, alors que les jeunes gabonais sont plongés dans la misère et dans l’angoisse du lendemain. Reportage.

 

|Par Orca Boudiandza Mouele

 

Achille est un étudiant gabonais inscrit en thèse. Le 23 février dernier, il a reçu un mail du service Afrique de Campus France l’informant de la mise à disposition tardive des fonds nécessaires au paiement de sa bourse d’études du mois de mars 2022. « Nous venons d’être informés de la mise à disposition tardive des fonds nécessaires au paiement de votre allocation de bourse du mois de mars 2022. Celle-ci vous sera donc versée avec du retard et sans échéance connue à ce jour », souligne l’établissement public chargé de l'accueil des étudiants et de la prise en charge des étudiants étrangers en France.

 

Ce message est une hécatombe pour l’étudiant de troisième cycle qui loue une chambre chez un particulier. Ulcéré par les retards répétitifs dans le paiement du loyer, son bailleur le menace désormais d’expulsion. D’autant que, depuis fin février, la situation ne s’est pas améliorée. « Les bourses de mars et avril n’ont pas été versées et ne semblent l’être avant le mois de mai prochain. C’est souvent vers le 23 de chaque mois que Campus France annonce la mise à disposition de la bourse et cinq jours après le virement est effectif dans le compte bancaire de chaque étudiant », témoigne avec beaucoup de peine cet étudiant qui ne sait plus vers qui se tourner. Il ne peut surtout pas avoir recours à sa famille au Gabon. Laquelle, démunie financièrement, a fondé ses espoirs sur ce fils, qui, à force de courage, a pu atteindre les études de doctorat. Mais comment leur dire que l’Etat gabonais, quasiment démissionnaire, hypothèque la poursuite de ses études de troisième cycle ?

 

Comme Achille, de nombreux jeunes Gabonais boursiers en France vivent le même cauchemar. D’autant que la guerre en Ukraine a, fortement, détérioré le pouvoir d’achat des habitants dans les pays occidentaux. « Les conditions de vie en Europe ne sont plus nécessairement les mêmes à cause de la flambée des prix. Les produits sont de plus en plus chers. Sans bourse d’études, nous n’arrivons plus à joindre les deux bouts », se désole Anaïs, étudiante en deuxième année Commerce international. La peur du lendemain gagne désormais les esprits. Surtout que le Gabon ne rassure pas sur la date exacte du versement des allocations d’études.

Dans ces conditions de flou volontairement entretenu par la partie gabonaise, Campus France tente de rassurer les étudiants. « Dès réception des fonds en provenance de l’ANBG, nous mettrons tout en œuvre pour régulariser votre allocation de bourse ainsi que vos remboursements et paiements d’indemnité dans les meilleurs délais et vous tiendrons informés, dès que possible, du virement mis en place », souligne Campus France dans son mail envoyé en février dernier. Sauf que cette belle prose ne change rien à l’angoisse des étudiants, qui ont l’impression d’être abandonnés et plongés dans la précarité par les autorités gabonaises.

 

Le Gabon peut-il encore payer les bourses à ses étudiants ?

 

Cette question revient sans cesse sur la table, sans que le régime de Libreville y apporte une réponse sincère à défaut de lancer un débat sur cette problématique très préoccupante. Pourtant, depuis au moins 2016, l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG) a de plus en plus du mal à faire face à ses obligations. Les retards dans le paiement des bourses d’études ne concernent pas seulement les étudiants en France, puisque la même réalité est vécue par les nationaux et ceux étudiant dans d’autres pays africains. « Si l’Etat n’est plus capable de verser les bourses aux étudiants qu’il ne fasse pas semblant de les accorder à des enfants qui sont par la suite abandonnés dans des pays étrangers », peste un étudiant au Sénégal. 

Preuve que plus rien ne va. Assurément, l’entité gérée par Sandra Flore Mambari Pinze épouse Abessolo procède à des jongleries dans les virements. « On observe que lorsque les étudiants gabonais de France perçoivent leurs allocations d’études, ceux du Gabon en sont privés. Et quand ceux du Gabon ont la bourse, ceux de la France en sont privés. Cela suppose-t-il qu’aujourd’hui l’Etat gabonais est incapable de prendre en charge ses propres étudiants », s’interroge un fonctionnaire au Trésor public.

 

Les tensions de trésorerie dans les caisses de l’Etat

 

Pour avoir un début de réponse à cette question profonde, il faut remonter au communiqué publié par l’ANBG, le 31 janvier 2022. Pour justifier un énième retard dans le versement des allocations d’études, le Directeur général adjoint de l’ANBG, Pascal Blaise Obi, avait, ouvertement, indiqué que ce retard s’expliquait par les tensions de trésorerie dans les caisses de l’Etat. Suffisant, pour que l’opinion comprenne, d’une part, que le régime Bongo/Valentin/PDG est désormais à bout de souffle ; et d’autre part, que par sa gouvernance catastrophique, il conduit le pays progressivement vers sa ruine et sa déchéance. Comble de la cruauté, le gouvernement Rose Christiane Ossouka Raponda a lancé, le jeudi 07 avril dernier, une campagne fumeuse « un Taxi, un Emploi, un Avenir » sous prétexte de promouvoir l’auto-emploi. La preuve de la déchéance d’un régime qui ne peut plus rien apporter au Gabon. Plus que jamais, il faut tourner la page.

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