« Nous sommes des médecins et non des magiciens », cette phrase choquante est lancée à la face d’un malade par un médecin excédé d’être interpellé. Nous sommes le 24 décembre 2019, à quelques jours de la nouvelle année, le Centre hospitalier universitaire de Libreville (Chul) est plein de malades. Chacun espérant une prise en charge rapide et efficace. Une espérance qui relève du miracle, tant le plus grand centre hospitalier de la capitale s’est transformé en lieu de lamentations pour les patients.
Ce jour, comme d’autres jours avant, la plupart des départements font juste du service minimum. L’ordre est donné par les quelques médecins présents : pas plus de dix patients par services. Il faut être matinal pour espérer intégrer le lot des patients consultés. Malheur à celui qui se pointe à 11h. Depuis l'accueil on vous annonce froidement que : « le médecin a atteint son quota de malades, revenez après les fêtes, c’est le seul qui est de service ce jour, il ne reçoit plus ». Après cette phrase jetée crûment à la face d’un malade qui se plein du mal d’estomac, les dames de l’accueil poursuivent leur commérages comme s’y rien n’était. Insensibles à l’appel de cette patiente qui demande absolument à être consultée : « Mesdames je ne peux retourner chez moi, j’ai très mal à l’estomac… », rajoute cette dernière. « Allez y alors en clinique, ici le médecin ne peut plus vous recevoir » jette à nouveau « la commère » de l’accueil avec un air de mépris. On aurait dit que la patiente en face était sa rivale.
Des humiliations devenues courantes dans la structure hospitalière, au point que certains malades ne trouvent plus à redire, si ce n’est à s’apitoyer sur leur sort : « on va encore faire comment ! ». Se rendant responsable de l’impolitesse et du manque d’humanisme du corps médical.
Un médecin pour plusieurs malades ? Ou sont passés les autres? Y’a t-il un mouvement de grève qui justifie le service minimum imposé aux malades ? Non, vous êtes loin du compte, ce n’est rien de tout cela. La plupart des médecins sont absents pour se rendre soit à la banque, soit répondre présents dans une clinique afin d’y offrir des prestations privées mieux rémunérées. Pourtant pour les mêmes services au public, ils sont payés par l’Etat. Et le serment d’hyppocrate dans tout cela ? Rien à foutre ! Il y a longtemps que ces médecins n’en n’ont cure. Seule la ruée vers l’argent compte.
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