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Congrès de l’Union Nationale : De la certitude à la désillusion

IMG Le parti désormais plongé dans l'immobilisme.

Yliane Bitole

L’Union Nationale, il y a quatre mois, c’était comme une église du réveil. Certains hurlaient très fort pendant les cultes que leur Seigneur est merveilleux. Ils ne sont plus forcément ceux qui le croient encore le plus aujourd’hui, ou qui appliquent mieux ses principes. Aujourd’hui, il semble que ceux qui étaient les plus pressés d’aller à la grand-messe du renouvellement de la direction du parti au sortir des assises manquées de décembre 2020 soient devenus les moins enthousiastes pour y aller.

 

Et pour cause, leur courage naturel et leur vérité affichée ont flétri dans le temps qu’ils se sont donné et les actions qu’ont menées leurs adversaires pour les pousser vers un déroulement le plus normal possible du scrutin. En cinq mois de forcing, malgré les écueils de mauvaise foi, les blocages engendrés par des résurrections soudaines et complices contre les velléités d’asservissement d’un Bureau du Congrès aux ordres, ceux qu’on définissait comme des lâches ayant peur du vote, ceux qu’on présentait comme des comploteurs plus ouverts aux arrangements d’arrière-boutique qu’à l’application stricte du règlement intérieur ont tiré à bout de bras le parti vers un congrès plus serein et plus ouvert à une élection propre pour remplacer Zacharie Myboto à la présidence. Ils ont effectué, pour cela, une véritable course stratégique d’obstacles, en choisissant de franchir, et même d’éviter les moins importants pour s’attaquer au plus dur à la fin. Ça a payé.

 

Tout au long du parcours, déclarer l’exigence du strict respect du règlement intérieur du parti n’a justement consisté à rien d’autre qu’à le violer, aux fins de conduire le parti vers le résultat souhaité d’une victoire du candidat Paul-Marie Gondjout.

 

Aucun article de ce règlement intérieur ne prévoit qu’au cas où le congrès n’arrivait pas à élire un président ou tout le bureau, c’est le Bureau du Congrès qui serait hissé à la tête du parti, mettant ainsi en vacance le Bureau National, l’organe exécutif qui est, en l’occurrence, chargé de l’organisation des élections internes. Personne ne sait où le président sortant a été trouver le droit de refuser de convoquer un Bureau National à la demande de plus des deux tiers de ses membres, alors que les statuts l’y obligent, sans que ne soient sollicités ni son accord ni son avis. Personne ne comprend où le tout-puissant Bureau du Congrès a été trouver la disposition selon laquelle l’élection à venir doit être une élection de liste, alors que les statuts disent clairement que les postes à pourvoir : présidence, vice-présidence et secrétariat exécutif font l’objet de candidatures individuelles et séparées. Nul ne sait non plus quelle jurisprudence locale ou extérieure inspire les braves « gondjouistes », pour qu’ils affirment qu’un congrès, qui a examiné et adopté trois points sur les quatre inscrits à son ordre du jour, peut s’offrir une récréation de six mois et reprendre les travaux là où il s’est arrêté.

 

Une manœuvre de diversion

 

C’était, en réalité, une manœuvre de diversion, pour tenter d’imposer les raisons pour lesquelles ce point a été rejeté et de valider la forfaiture qu’ils avaient préparée malgré l’opposition des autres membres devenus des comploteurs. Parmi ces points, la liste des congressistes, c’est-à-dire le collège électoral. Ce fichier a été immensément difficile à sortir des coffres-forts et à présenter à la concurrence. Son examen a mis au jour une honteuse et avilissante manipulation du vote. On comprend, dès lors, pourquoi Paul-Marie Gondjout n’a jamais voulu le faire adopter par le Bureau National ; le transmettre à la commission élection du comité d’organisation du congrès, qui, d’ailleurs, était seule habilitée à le confectionner. On comprend également pourquoi il ne l’a fait afficher par l’informaticien devenu, à l’occasion, son employé, que le jour du scrutin, le corrigeant même trente minutes après à cause des incohérences qui y avaient été soulevées dont l’absence des noms de certains membres statutaires du parti. Cette liste, son sésame pour la victoire, est un scandale.

 

Qu’il y ait eu moins que les 650 congressistes officiellement annoncés est plutôt anecdotique. Ce qui l’est moins, c’est que dans le groupe des présents aux Jardins Dianna les 5, 6 et 7 décembre derniers, plus de 200 n’étaient inscrits sur aucun registre des militants de l’Union Nationale. Ils n’en étaient pas membres. Comment ont-ils fait pour se retrouver là et à quelles fins ? La question ne se pose même plus. Il ne peut s’agir que des personnes enrôlées pour la circonstance et qui devaient voter dans le sens pour lequel elles avaient été appelées.

 

Il y a mieux encore. Les quotas de représentation des provinces ont été manipulés de manière à gonfler les effectifs dans les provinces où le vote était a priori favorable, et considérablement les réduire dans celles où il est susceptible de ne pas l’être. C’est ainsi que l’Estuaire frondeuse contre la candidature de Paul-Marie Gondjout et qui aurait dû avoir 182 délégués n’en a obtenu que 160. L’Ogooué-Lolo, favorable à la candidature de Paulette Missambo, devait avoir une délégation de 76 congressistes. Elle n’était représentée que par 57. L’Ogooué-Ivindo n’en avait que 4 au lieu de 10. En revanche, les délégations ont été grossièrement gonflées pour le Moyen-Ogooué dont PMG est originaire : 100 au lieu de 74, pour le Haut-Ogooué de Zacharie Myboto : 108 au lieu de 78, et pour le Woleu-Ntem où une fronde s’est créée et a été bien nourrie à dessein contre le sénateur sortant : 156 au lieu de 137. Ces manipulations ont également été opérées à l’intérieur des délégations provinciales. Mounana, dans le Haut-Ogooué, comptait plus de délégués qu’elle n’aurait dû au détriment des autres villes dont Franceville. Mais tout ceci n’a été rendu possible qu’avec la complicité de certains coordinateurs provinciaux qui composaient les listes sans consulter les militants.

 

Cette fraude démantelée, le combat porte maintenant sur le mode de désignation des congressistes. Le principe accepté est que les listes soient constituées en assemblée générale et en présence de tous les membres des coordinations. Ce sont eux qui choisiront eux-mêmes leurs représentants en fonction du militantisme et de la participation de chacun à la vie du parti. Comment vont-ils le faire et à quel mode de désignation unanime vont-ils se plier obligatoirement, pour que leurs délégués soient acceptés. Le président du Bureau du Congrès a promis écrire une lettre de cadrage générale à toutes les coordinations pour leur donner une espèce de mode d’emploi. Des propositions lui ont été faites, pour qu’il s’en inspire, afin de les amender ou de les corriger. Il est dessus depuis bientôt un mois, tout en annonçant quand même encore ce congrès pour le mois de juin.

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