IMG-LOGO
Accueil Article Gabon : « BLA», l’ex-chef de cabinet français d’Ali Bongo, appelle la France à l’aide pour le sortir de prison
Politique

Gabon : « BLA», l’ex-chef de cabinet français d’Ali Bongo, appelle la France à l’aide pour le sortir de prison

IMG Brice Laccruche Alihanga (à droite) salue Ali Bongo.

Brice Laccruche Alihanga, l’ancien proche du chef de l’Etat gabonais est emprisonné dans des conditions « inhumaines » selon son avocat, qui demande sa libération et l’aide de la France dans ce dossier sensible.

 

Par Leparisien

 

« BLA » n’est plus que l’ombre de lui-même. Ex-chef de cabinet d’Ali Bongo, président omnipotent du Gabon, Brice Laccruche Alihanga, de son nom complet, se trouve en prison depuis le 13 décembre 2019 dans le pays qui l’a vu grandir. Une chute aussi impressionnante que l’ascension qui l’a précédée.

L’histoire de ce Français de naissance, qui a grandi au Gabon et est âgé aujourd’hui de 42 ans, est aussi rocambolesque qu’un album de Tintin. Mais son destin, lui, est plus proche de celui du général Alcazar que du reporter de bande dessinée. Familier d’Ali Bongo lorsque le chef de l’État gabonais est frappé par un AVC, en octobre 2018, il prend les rênes du pouvoir. Une partie de la presse locale se déchaîne alors contre lui et lui prête toutes les ambitions. Au retour effectif du président, il est brutalement écarté « comme cela arrive souvent dans ce genre de régime », témoigne un de ses proches.

 

Dans le cadre d’une opération lancée contre la corruption ironiquement dénommée Scorpion, il est incarcéré pour avoir supposément détourné plusieurs milliards de francs CFA et avoir usurpé la nationalité gabonaise. Son frère cadet, Grégory, est lui aussi arrêté et est toujours incarcéré.

 

« Nous demandons sa libération et l’aide de la France »

Condamné à 5 ans de prison depuis, le Français dépérit dans les geôles gabonaises. Un rapport du groupe de travail de l’ONU contre la détention arbitraire dénonce d’ailleurs une procédure bâclée et non conforme, ainsi que des conditions de détention inhumaines, des tortures en cellule et un long maintien en isolement. « Ces conditions de détention sont épouvantables. Il est systématiquement maintenu à l’isolement, ne voit quasiment personne. Il dispose juste d’une fosse d’aisances au milieu de la pièce où il est détenu. Les conséquences d’ordre physique et psychologique sont considérables », soulignent son avocat Richard Sédillot et son conseil gabonais Anges Nzigou.

Le gouvernement gabonais, de son côté, soutient que les procédures ont été respectées depuis le début de l’affaire. Les mis en cause auraient des visites de leurs avocats et parents, mais elles restent toutefois « très rares » selon le conseil du Français.

L’entourage de « BLA » tente donc désormais de mobiliser la communauté internationale, et plus précisément la France. « Il y a une décision de l’ONU qui dit clairement qu’il est victime d’une arrestation arbitraire d’une part et de tortures d’autre part. La France doit l’aider dans le cadre des infractions dont il est victime. Qu’est-ce que vous faites pour mettre un terme aux crimes dont il est victime ? » s’interroge à haute voix le conseil du Français.

 

« Nous demandons sa libération et l’aide de la France », poursuit-il. Pour cela, Richard Sédillot a régulièrement écrit au ministère des Affaires étrangères, ainsi qu’à la présidence de la République, sans obtenir pendant longtemps de réponse, l’affaire des biens mal acquis dans l’Hexagone n’aidant pas à la sérénité diplomatique entre les deux pays. Toutefois, selon nos informations, les autorités françaises semblent avoir saisi l’urgence du dossier depuis quelques jours. Contacté par Le Parisien, le ministère des Affaires étrangères n’a cependant pas souhaité nous le confirmer ni répondre à nos questions. Officiellement, seule la justice française opère donc le dossier, puisque l’année dernière, un juge d’instruction parisien a ouvert une information judiciaire pour « séquestration arbitraire ».

« Il y a une grande suspicion de tumeur cancéreuse »

 

Pour les proches de « BLA », il y a d’autant plus urgence que l’état physique de ce dernier est critique. Selon plusieurs rapports médicaux que nous avons pu consulter, tout porte à croire que le Français emprisonné est atteint d’un cancer.

 

« Depuis le scanner du 5 mai, et alors que le compte rendu de ce scanner préconise un examen clinique et une fibroscopie, ces examens n’ont pas été proposés à M. Laccruche. Seul un examen de sang, tout à fait insuffisant, a été proposé », précise son avocat. « Il y a une grande suspicion de tumeur cancéreuse. Il perd beaucoup de sang. On a soumis le compte rendu à des oncologues français et marocains, qui sont tous d’accord pour retenir la forte probabilité d’une tumeur. Son organisme s’est considérablement affaibli », ajoute encore Richard Sédillot.

 

La presse locale a, elle, fait état de simples troubles intestinaux, ce qui a eu le don d’agacer les proches de « BLA », déjà fâchés par le traitement réservé au quadragénaire sur le fond de l’histoire qui l’a mené en prison. Pour l’entourage de l’ancien chef de cabinet, celui-ci a été la cible d’un complot de palais dans une lutte d’influence autour d’Ali Bongo. « Il n’y a rien dans le dossier depuis le début, si ces malversations existaient vraiment, elles auraient forcément impliqué le président lui-même », soulignent ces proches.

 

Partagez:

0 Commentaires


Postez un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires