Dans un pays sérieux, les membres du gouvernement et les responsables de l’administration publique qui ont, de près ou de loin, eu à gérer cette manne financière devraient démissionner en plus de faire l’objet de poursuites judiciaires. D’autant que le contenu de l’audit du cabinet Deloitte sur les états financiers des fonds spéciaux de lutte contre la Covid-19 atteste de graves malversations financières au sommet de l’Etat.
Dans ce rapport, Deloitte fait savoir au gouvernement gabonais de l’impossibilité pour lui « d’exprimer une opinion favorable » après l’audit des comptes. Pourquoi ce cabinet de renommée internationale en arrive à une telle conclusion ? En raison, poursuit-il, de l’absence de nombreux éléments probants « suffisants et appropriés pour fonder une opinion d’audit sur ces états financiers pour la période allant du 31 mars au 31 décembre 2020 ». Autrement dit la gestion des 36 985 millions de Fcfa pour ce qui est du Fond spécial audité par Deloitte s’est fait en toute opacité.
C’est notamment le cas de l’installation des équipements du Laboratoire Gahouma dont il est impossible de retracer les dépenses. « En l’absence de factures définitives, de bons de réception des fournitures, matériels et équipements, de procès-verbaux effectués en lien avec l’installation des équipement du laboratoire (…), les premières procédures d’audit mises en œuvre n’ont pas permis de valider la réalité et l’éligibilité de cette opération, compte tenu d’insuffisances documentaires liées à la réalisation des dépenses… »
En poussant les investigations en procédant à des comparaisons entre les quantités annoncées et les éléments physiques réceptionnés, le cabinet découvre que les fournitures d’un montant global de 8016 millions n’ont pu faire l’objet de « réconciliation », ni avec les quantités livrées et retracées dans les documents cités en provenance du Conseiller du Président de la République et de la Responsable du Laboratoire Gahouma, ni d’observation physique lors des visites menées.
Tout ceci a emmené le cabinet à indiquer une nouvelle fois son impossibilité d’attester « de la réception effective des investissements et autres achats inscrits dans la partie dépenses du tableau des ressources et des emplois pour 8016 millions de Fcfa ». Pas besoin de lire dans une Marc de café pour se rendre compte que cet argent affecté à la rubrique dépense a fait l’objet d’un détournement.
(A suivre)
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