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Interview de Blaise Meye Nkoghe, Secrétaire général du SEENA : « Nous nous sommes battus contre l'arbitraire… »

IMG Blaise Meye Nkoghe ( au centre) lors de son installation à la tête du Seena.


Propos recueillis par Wilfrid Kombe Nziengui

 

 Monsieur le Secrétaire général, vous avez été élu à ce poste auquel vous succédez à Louis Patrick Mombo. Pourriez-vous commencer par un bilan, puisque vous avez appartenu à l'ancien bureau ?

 

Blaise Meye NkoghE : Je suis le Secrétaire général du Syndicat des Enseignants de l'Education Nationale (SEENA). J’ai été élu à la suite de la tenue du congrès du 25 juin 2022. Un congrès qui a été extraordinaire, en raison de la disparition brutale et toujours déplorée de mon très cher frère Louis Patrick Mombo que je succède à la tête du SEENA. La réalité est que nous avons été, Louis Patrick MOMBO et moi, en coresponsabilité, à l'époque où il était Secrétaire général durant les deux mandatures, depuis 2015, pour le premier mandat qui va expirer en 2019, et le second mandat qui, malheureusement, verra sa perte brutale.

 

Le bilan, nous avons travaillé de concert et dans une confiance quasi-fusionnelle qui a consacré d'abord la mise en place de ce syndicat qui n'existait pas du tout. Nous avons dû œuvrer, pour que ce syndicat existe, et ce, pour nous démarquer de cette ligne qui, malheureusement, n'apportait plus l'adhésion du plus grand nombre, c'est-à-dire l'adhésion des travailleurs. Il était donc question pour le Camarade Mombo et moi et d'autres camarades dont Marcel Libama, François Angoune Meye, Anastase Obame, Laurent Nkoghe, pour ne citer que ces noms, de nous déployer à travers l’ensemble du pays, pour aller exhumer, reprendre la ligne syndicale revendiquée, depuis 1992, par Martine Oulabou Mbadinga, Samuel Ngoua Ngou, Christiane Bitouga.

Et donc, chemin faisant, ce SEENA va également militer pour la mise en place et la dynamisation de la Convention Nationale des Syndicats du Secteur Education (Conasysed) et tout le monde sait dans la réalité des faits ce que la Conasysed peut avoir enclenché comme victoire. Cela a été l'œuvre du Camarade Mombo, de Blaise Nkoghe Meye et, bien entendu, d'autres camarades. Nous sommes aussi impliqués dans la redynamisation, pour ne pas nous reprendre, de ce qui sera appelé Dynamique Unitaire. Malheureusement, le Camarade Mombo s'en est allé avec d'autres idées qu'on avait à faire aboutir.

 

En plus du fait que le Camarade Jean Rémy Yama se trouve arbitrairement arrêté, suspendu de solde et pour lequel d'ailleurs, nous nous battons pour la réhabilitation. Nous nous sommes battus pour les situations administratives, le paiement des rappels de solde. Nous nous sommes battus contre l'arbitraire, en faisant en sorte, par exemple, que la camarade Mengue Nteme qui était, à l'époque, arbitrairement détenue aux confins de Kango, recouvre la liberté Ce sont beaucoup de champs que nous avons eus à explorer avec le camarade Mombo et qui, bien heureusement, font les atouts, les avantages, le bilan de notre combat mené ensemble.

 

Quelles sont les perspectives pour la nouvelle équipe, connaissant les problèmes auxquels font face les enseignants et le système éducatif gabonais en général ?

 

Ce sont des revendications que l'on peut retrouver dans le cahier des charges du syndicat des Enseignants de l'Education Nationale, dans celui, de manière étendue, de la Convention Nationale des Syndicats du Secteur Education, dans celui de Dynamique Unitaire. Et l’ensemble de ces problèmes, selon notre lecture et à la suite du congrès que nous avons tenu, perdurent depuis des années. Nous essayons, nous nous battons à force de mouvements de grève pour y parvenir, mais il y a des constats qui inspirent réflexion.

 

Le congrès, que nous avons tenu, a identifié trois grands axes. Le premier est de nous battre pour proposer une alternative crédible autour de la problématique identifiant la question des suspensions arbitraires de solde. Nous pensons que c'est l'une des recommandations du dernier congrès, faire en sorte que nous puissions parvenir à une conscientisation de masse qui intègre cela comme une préoccupation essentielle. Il faut un fonds qui soit capable de répondre en cas de suspension de solde lors des mouvements de grève. Le deuxième axe à la suite des recommandations extraordinaires du SEENA, c'est de travailler pour la condition sanitaire de l’enseignant.

 

 

Il n'y a pas de prétention à se substituer au politique. Non, il est clair et tout le monde se rend compte que la CNAMGS a failli et tout le monde dénonce cette situation, mais, pour autant, la question, elle est là. Est-ce que nous devons croiser les bras ? Nous proposons, au niveau du SEENA, qu'il faudrait peut-être aller discuter avec les assurances qui sont établies de manière à songer à la mise en place, par exemple, d'une assurance maladie au bénéfice des enseignants.

 

Et enfin, comme troisième axe, honorer la mémoire du camarade Mombo. C’était un combattant d'une espèce assez rare dans le champ syndical. J'ai le courage de l'avouer, la modestie de le dire que c'était un grand combattant. C'est donc une mémoire qui ne peut pas sombrer et qui ne doit pas sombrer. Nous devons nous battre pour honorer cette mémoire, en faisant au moins en sorte que s'il n'y a pas, dans ce pays, une fondation Louis Patrick Mombo, qu'il y ait au moins une école, un collège ou un lycée qui porte son nom. C'est une idée que nous posons sur la table et que nous voudrions voir les enseignants s'approprier et le gouvernement intégré.

 

La position du SEENA au sein de la Conasysed et Dynamique Unitaire ?

Le SEENA est membre de Dynamique Unitaire. Je rappelle que je suis aussi Secrétaire Confédéral de Dynamique Unitaire. Le camarade Mombo était Secrétaire Général, Jean Rémy Yama, Président, Roger Ondo Abessolo, Vice-président, Madame Makosso, Vice-présidente. Bien entendu, il y a bien d'autres qui sont  membres de Dynamique Unitaire. Le SEENA est, par ailleurs, membre de la Conasysed et devient membre de Dynamique Unitaire. Par l’intermédiaire de la Conasysed, nous y tenons et nous sommes pleinement engagés, ce d'autant plus que nous épousons cette ligne de Dynamique Unitaire, parce que c'est la ligne salvatrice qui peut faire en sorte que les problèmes soient posés avec beaucoup de sérieux.

 

Votre mot de la fin

 

Nous voudrions interpeller le gouvernement et les parents d'élèves. Vous voyez qu'il y a une situation de crise chaque fois qu'il y a grève. De même, les enseignants sont taxés de tout, la Conasysed est pointée du doigt. C'est à croire que la grève devient pour beaucoup d'entre nous un métier, une profession et qu’en face, c'est-à-dire le gouvernement, il n'y aurait que les diables, etc. Nous sommes en période de vacances, l'année scolaire point à l'horizon, des questions essentielles sont là et demeurent toujours sans solution. Où en est-on avec le paiement des rappels de solde ? Le gouvernement doit être attaché à cela. Vous voulez que quelqu'un se rende régulièrement au travail, mais il faudrait que le travail soit en capacité de l'honorer de s'occuper non seulement de lui, mais également de sa famille. Mais aussi longtemps qu'il n'aura pas le cœur à l'œuvre, il n'y a pas de développement possible.

 

Donc, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, Madame le Premier ministre, il y a des questions essentielles de cet ordre. Le paiement des rappels de solde ne demande pas que tout soit fait forcément, aujourd'hui. Si on peut allouer une enveloppe budgétaire substantielle pour payer, mais de manière régulière, les rappels de solde, c’est sera déjà une avancée considérable.

 

Comment peut-on relancer l'économie dans le contexte de notre pays, aujourd'hui, si la consommation ne suit pas ? Parce que nous, les agents de l'Etat, nous sommes, par ailleurs, des ménages. Mais si nous n'avons pas de moyens, c’est parce que ce que nous nous retrouvons coincés au niveau du budget au travers des rappels de solde confisqués. Il n'y a donc pas possibilité de consommer. Et s'il n'y a pas possibilité de consommer, les entreprises ne peuvent pas fonctionner. Donc, il y a, par exemple, les situations administratives qui sont bloquées. Où en est-on, par exemple, avec la question du règlement des recrutements directs pour les confessionnels catholiques évangéliques et autres ? La loi est violée.

 

Nous demandons que la condition de ces agents-là soit également regardée. Et aux parents d'élèves, qui sont souvent-là à venir pointer les syndicats quand il y a grève, voici une situation qui nous pousse à entrer en grève. Nous sommes tous en vacances, combien de fois l'association des parents d'élèves s'est-elle mobilisée, pour venir vers les syndicats et aller vers le gouvernement, pour qu’ensemble l’on regarde les problèmes qui se posent et qui font parfois l'objet des mouvements de revendication ? Vous voyez, il n'y a rien, mais nous sommes en train de marcher. On nous annonce la rentrée scolaire, le 05 septembre prochain, alors que, manifestement et présentement, il n'y a rien en matière de solutions concrètes aux problèmes concrets qui se posent aux enseignants.

 

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