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Société

Lettre ouverte d’un retraité de la Fonction publique au gouvernement : «Vous vous foutez de nos gueules… »

IMG Le gouvernement accusé de cynisme sur ce dossier.

Des mots sur les maux. Ce retraité de la Fonction publique décrit et fustige, dans cette lettre ouverte adressée au gouvernement, la misère dans laquelle est plongée ceux qui ont servi hier l’Etat. Lecture.

A

Madame le Premier ministre ;

Madame le ministre de la Fonction Publique ;

Monsieur le ministre des Finances.

Mesdames,

Monsieur.

 

Je n’ai ni l’honneur, ni le plaisir de faire quoi que ce soit. Je m’adresse à vous aujourd’hui pour vous dire mon indignation sur la manière dont les retraités de la Fonction Publique sont traités dans notre pays par votre gouvernement, de la manière dont vous les traitez. Je ne vous rappellerai pas les résolutions de la concertation d’Agondjé dont votre gouvernement avait promis faire le bréviaire de sa gouvernance. Vous les connaissez pour avoir commandité la réunion et en avoir orienté les discussions et conclusions et vous ne les avez pas appliquées.

 

Je ne vous rappellerai pas non plus votre promesse de payer les pensions sur la base d’une revalorisation indiciaire plus avantageuse. Vous l'avez faite. Vous ne l'avez pas respectée. Aujourd'hui encore les retraités de la Fonction Publique ne reçoivent qu’une pré-pension, en attendant une régularisation définitive que vous n’êtes pas pressés de mettre en place depuis plus de quatre ans. L’excuse clamée par votre administration est que cela ne dépend plus de vous. Un projet de loi en ce sens aurait été déposé à l’Assemblée Nationale et que ce sont nos parlementaires qui traînent les pieds pour l’adopter.

 

Désolé d’être trivial mais je ne peux pas le dire autrement pour bien me faire comprendre… Vous vous foutez de nos gueules.

 

On a bien vu avec quelle célérité vous avez élaboré, déposé et fait adopter au pas de charge votre nouveau code pénal favorable aux homosexuels, en toute opposition avec nos valeurs et codes de vie. Ce qui écœure le plus, c’est l’idée que vos agents des Finances et de la Fonction Publique se font des retraités. C’est en réalité elle qui explique le mieux la précarité volontaire dans laquelle vous les maintenez. Ils estiment que la pension payée aux retraités est une inutile dépense dont l’Etat aurait pu se passer pour faire des économies. Toute cette clique des sexagénaires ayant travaillé pendant de nombreuses années mais n’ayant pas investi  pour se préparer à cette période de vie. Mieux encore, ils estiment que l’espérance de vie au Gabon étant de moins de 65 ans, ils vont mourir dans leur immense majorité avant que leur problème ne soit réglé. Ce qui sera pour l’Etat un avantageux soulagement. D’où d’ailleurs leur empressement à recommander aux retraités qui se plaignent la voie du Tribunal Administratif pour engager de longues et interminables procédures judiciaires contre l’Etat.

 

A ces ronds de cuir expulsés d’une galaxie inconnue, il faudra peut-être expliquer que s’ils ont pu bénéficier d’une instruction aux frais de l’Etat, c’est parce qu’on prélevait des impôts sur le salaire de ces retraités d’aujourd’hui. Il faut leur apprendre  que la pension de retraite n’est pas une aumône mais leur argent que l’Etat a mis de côté par le biais des cotisations sociales pour le leur reverser quand ils ne seraient plus actifs. Exactement comme il le fait pour eux-mêmes aujourd’hui en prévision des moments où à leur tour ils seront ces mendiants que les retraités sont à leurs yeux. Cette position, mainte fois entendue, relève à la fois de l’ignorance, de l’ingratitude et du cynisme.

 

Les retraités ne demandent pas l’aumône. Ils ne font pas la manche. Ils demandent qu’on leur rende ce qui leur est dû.

 

D’autant que plusieurs d’entre eux  se sont libérés de leurs charges alors que l’Etat n’avait pas totalement régularisé leurs situations salariales. Des rappels de solde là aussi tardent inexplicablement à être payés.  Ne parlons même pas du chapitre des services rendus qui sont une obligation de l’Etat envers les fonctionnaires dont il se sépare.

 

Mesdames, Monsieur

Nous nous sommes bien constitués en association. Tout le monde voit la condescendance et le manque de considération avec lesquels vous la traitez. Nous vivons pourtant dans le même pays. Nous avons bien remarqué que la moindre pression sociale vous fait descendre de votre piédestal pour satisfaire toutes les revendications brutales et violentes qui pourraient avoir un impact négatif sur votre action.

 

Récemment, les enseignants du Lycée Technique ont arrêté d’assurer les cours aux élèves admis à passer le Bac. Tout de suite, vous avez déclenché le payement des vacations qu’ils réclamaient. Il est quasi certain que si les enseignants du général emboîtent le pas comme ils vont le faire dès le début de la semaine prochaine, vous allez vous plier. Nous avons vu comment, sous la pression sociale et les menaces d’explosion visibles dans les PK, vous avez très vite levé le confinement général et strict de la population deux semaines après l’avoir décrété.

 

Vous semblez donc enfoncer les retraités dans cette situation d’immense précarité sanitaire et sociale parce qu’ils n’auraient aucun vrai moyen de pression sur vous pendant que vous engraissez les militaires en fonction en vous pliant servilement pour satisfaire des besoins qu’ils n’ont même pas encore exprimés. Grand bien vous fasse. Les retraités ne peuvent pas se mettre en grève. Une telle action n’aurait aucun impact sur le fonctionnement de votre administration. Ils ne peuvent pas non plus se mettre dans la rue.

 

Votre administration et votre gérance ont fait du Gabon un Etat sans opinion publique en plus de vous donner le droit de leur envoyer les militaires et les policiers tabasser des personnes âgées sans que cela n’émeuve personne. En tout cas pas vous et même pas les abrutis qui vont s’exécuter bêtement et fièrement en oubliant qu’ils seront les retraités de demain. Une chose est certaine. Personne ne gagnerait à maintenir votre position qui, au fil des jours pourrait rendre votre gouvernement plus vulnérable qu’il n’y paraît.

 

Les retraités de la Fonction  Publique attendent de vous que vous leur payiez leurs rappels de solde, leurs services rendus et que vous régularisiez l’indice de paiement de leur pension. Ce n’est pas une aumône. C’est un dû.

Et tout le monde se portera mieux dans le meilleur des Gabon.

 

Je ne vous salue même pas.

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2 Commentaires

Mag. - Aug 02, 09:46

Merci cher collègue et parent. Tout ce que tu dis si haut et si fort et que nous tous pensons tout bas est si juste que personne ne peut le nier. Nos bourreaux d'aujourd'hui seront les victimes d'autres bourreaux demain. La roue tourne et tournera encore plus vite si rien ne change. Encore merci cher frère.

DINA - Aug 02, 11:14

Chers tous C'est une question intergenerationnelle. Ignorer cette obligation de vision c'est accepter l'échec et réduire davantage l'espérance de vie. C'est aussi trivial. Je vous propose de vous adresser au Bureau International du Travail avec le concours du ministère du travail. La Retraite est une activité professionnelle. Votre Association se fera entendre auprès du BIT. Bon courage.


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