IMG-LOGO
Accueil Article Lettre ouverte depuis la prison centrale de Jean Bosco Boungoumou Boulanga : « Je n’ai pas commis les infractions pour lesquelles j’ai été emprisonné… »
Politique

Lettre ouverte depuis la prison centrale de Jean Bosco Boungoumou Boulanga : « Je n’ai pas commis les infractions pour lesquelles j’ai été emprisonné… »

IMG Jean Bosco Boungoumou Boulanga, déténu à la prison centrale.

Le 11 août dernier, dans sa cellule de la Prison centrale de Libreville, Jean Bosco Boungoumou Boulanga reçoit une notification du juge en charge de son dossier l’informant de la prolongation de sa détention préventive pour six mois. Ce syndicaliste, accusé d’avoir tenté de commettre des actes de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles contre l’autorité de l’Etat, clame son innocence. Lecture de la lettre ouverte envoyée au peuple gabonais et publiée ce 09 septembre  dans le journal La Cigale Enchantée.

 

 

Très chères Gabonaises,

Très chers Gabonais,

 

Je suis Jean Bosco Boungoumou Boulanga de la Louetsi-Wano, le patriote nationaliste, Gabonais engagé pour la libération et le développement du Gabon, notre très cher beau pays. Je viens, avec beaucoup d’amour et d’abnégation, vous dire moi-même que j’ai été empoisonné. Le mercredi du 11 août 2021 par maître Kongo Bobe Sylvanie et le juge Ayombo Moussa épouse Biam du premier cabinet d’instruction spécialisé près le Tribunal de première instance de Libreville avec la complicité formelle de certains actuels tenants des leviers du pouvoir exécutif gabonais.

 

L’objectif principal visé de cet empoisonnement est celui de me faire taire définitivement. Ledit empoisonnement a été effectif à travers le procès-verbal de notification de la prolongation de la détention préventive illégale pour six (6) mois à la Prison centrale de Libreville, qui a été présenté par un agent de la Sécurité pénitentiaire, ce mercredi 11 août 2021, pour signature. Après la lecture des documents qui m’ont été présentés, ce mercredi du 11 août 2021, je n’ai pas trouvé la nécessité d’apposer ma signature ; j’ai refusé formellement de signer lesdits documents. Juste après, avant de retourner dans le bloc dans lequel j’ai été mis, j’ai eu la sensation d’une personne qui venait d’être empoisonnée.

 

Je certifie que j’ai été, effectivement, empoisonné, le mercredi 11 août 2021. C’est un poison qui agit très lentement dans mon être entier. La privation illégale de ma liberté d’expression est un poison. La liberté d’expression est un des droits fondamentaux que la Constitution de la République gabonaise me donne.

 

Une fois de plus, je voudrais vous dire et redire que je n’ai pas commis les infractions pour lesquelles j’ai été emprisonné et je n’avais aucune intention d’en commettre. J’ai été inculpé arbitrairement avec Yves Camille Borobo pour des motifs très fallacieux, pour ne pas dire très erronés qui sont : « Inculpés d’entente établie dans le but de commettre des infractions, actes ou manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique, à provoquer des troubles ou manifestations contre l’autorité de l’Etat, actes de terrorisme, propagande tendant à troubler l’ordre public ou à inciter à la révolte ». Voilà, de façon précise, les infractions qui nous ont été attribuées fallacieusement.

 

J’ai été arrêté arbitrairement un mercredi 19 août 2020 avec Yves Camille Borobo par la Direction générale des recherches (DGR) et tous les deux, nous avons été emprisonnés illégalement, le lundi 24 août 2020, à la Prison centrale de Libreville où nous sommes en détention préventive illégale jusqu’à ce jour du mois d’août de l’année 2021.

 

Nous sommes emprisonnés dans des conditions hygiéniques, sanitaires inhumaines. Ce, pour avoir voulu mener une « lutte pacifique » contre l’impérialisme ou la domination que la France exerce sur le Gabon, notre très cher beau pays. Une domination tant sur les plans politique, économique, social et culturel. Cet impérialisme, cette domination a pour conséquence immédiate la « mauvaise gouvernance » du Gabon. Cela entraîne immédiatement la misère accrue qui touche la majorité des populations gabonaises où qu’elles soient sur les plans éducatif, sanitaire, sécuritaire, social, culturel et infrastructurel.

 

Vous saviez autant que moi qu’un « être humain », qui est très soucieux du bien-être du plus grand nombre, doit avoir la conviction de promouvoir ce « bien-être » avec les moyens légaux dont il dispose. Pour cela, j’ai l’intime conviction que seule une prise de conscience collective peut conduire les Gabonaises et les Gabonais, qui sont épris de liberté, d’équité et de solidarité, à lutter contre l’impérialisme ou la domination que la France exerce sur le Gabon, depuis plus de six décennies, soient 60 ans après l’accession de notre pays à l’indépendance.

La France est accompagnée, dans son œuvre machiavélique, par certains Gabonais qui constituent à peine 2 % de la population. Une conviction n’est rien d’autre que des principes auxquels on croit fermement.

 

Pour moi, un Etat souverain, voire un Etat de droit, est un Etat qui n’est pas sous la domination d’un autre Etat souverain. C’est un Etat dans lequel les lois établies doivent être impérativement respectées par toutes et par tous sans exception.

 

Peuple gabonais, je tenais à vous faire part du contenu de cette lettre ouverte, pour, d’une part, vous appeler à une prise de conscience, à la veille des préparatifs de la célébration de la « fête nationale » ; et d’autre part, pour vous demander, humblement, d’intercéder, très sincèrement, auprès de Dieu Tout-puissant, Créateur de toute chose et de tous les êtres pour :

  • le Gabon, notre très cher beau pays ;
  • la majorité des populations gabonaises où qu’elles soient et qui sont assujetties par la France et les actuels tenants des leviers des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire du Gabon, notre très cher beau pays.
  • Yves Camille Borobo et sa famille ;
  • mon corps, mon âme, mon esprit ou moi-même et ma famille.

 

J’ai écrit cette lettre ouverte durant les heures très tardives de plusieurs nuits. Celle-ci a été parachevée, le samedi 14 août 2021, vers quatre heures du matin. C’est pour vous dire que même le sommeil n’a plus de place dans mon « être » tout entier. Durant l’écriture de cette lettre, mes yeux étaient très larmoyants.

 

Que le Très-Haut vous bénisse et vous protège !

Que le Très-Haut bénisse le Gabon, notre très cher beau pays !

Je vous remercie infiniment de tout cœur !

Le détenu préventif,

Votre humble serviteur,

L’infatigable

 

Jean Bosco Boungoumou Boulanga

Partagez:

0 Commentaires


Postez un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs marqués * sont obligatoires