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Politique

Libre propos d'Augustin Mobea cadre du PDG: «Aujourd’hui notre ville, Mimongo, n’est plus  que l’ombre d’elle-même»

IMG Augustin Mobea cadre du parti démocratique gabonais du 2e siège du département de l'Ogoulou

Augustin Mobea est enseignant de carrière et membre du conseil national du PDG au 1er siège du département de l'Ogoulou-Mimongo. Inquièt de l'avenir incertain du département de l'Ogoulou, ce cadre du parti au pouvoir a choisi de sortir de son silence pour interpeller ses camarades et l'ensemble des cadres du département à prendre conscience du rôle que chacun devrait jouer  pour redonner vie à cette contrée qui n'est plus que l'ombre d'elle-même. Nous vous livrons in tenso le contenu de cette tribune.


 

          J’ai choisi de m’exprimer ce jour, 17 avril 2022, en marge du 54e anniversaire en différé de la création de notre parti, le PDG, pour exprimer mon inquiétude quant à l’avenir de Mimongo notre chère cité. Mes  nombreux souvenirs d’enfance et surtout la nouvelle lecture que je fais de la vie de cette ville aujourd’hui taraude mon esprit et me pousse inexorablement à m’interroger sur son devenir.

 

           Ville historique, j’ai encore souvenance du passé glorieux de Mimongo. Plus qu’un nom désignant notre historique ville, Mimongo était devenu un slogan célébrant la gloire, le courage, et la bravoure d’antan d’un peuple s’identifiant au guerrier MBOMBE-A-GNANGUE. Un tel héroïsme, expression d’une fierté d’appartenance à une région dont la célébrité et l’ honneur avaient traversé les frontières, a jadis fait parmi nous des leaders dans divers secteurs d’activité.

 

           Aujourd’hui notre ville, Mimongo, n’est plus  que l’ombre d’elle-même, avec l’oubli volontaire de cette mémoire légendaire, par une génération d’hommes et de femmes aux antipodes d’une éthique générationnelle qui voudrait que nous soyons de purs produits de notre histoire. Du coup, notre rupture généralisée et inquiétante d’avec notre cordon ombilical nous pousse à n’en point douter à nous créer des voies détournées dans le dessein de parvenir à ces nobles fins. Hélas ! Un tel artifice historiel ne saurait faire la gloire d’un individu, ni d’un peuple ; encore moins égaler l’histoire originelle de notre peuple. Ce que je crains alors, c’est qu’à une histoire élogieuse qui fut la nôtre, vienne se substituer, tel de l’encre indélébile, une histoire lugubre et répugnante. 


 

           Mimongo, ville de culture, a toujours été considérée comme le berceau de la culture du Sud du Gabon, notamment avec son rite Bwété. Mais que reste-t-il encore de ces vestiges traditionnels ? Ils se volatilisent quotidiennement devant nous, au profit d’un modernisme utopique et aveugle, entretenu par une élite intellectuelle corrompue, par des élans doctrinaux et idéologiques teintés d’une quête effrénée de gains et d’intérêts égoïstes aux dépens d’une morale et d’une spiritualité plutôt nécessaire au vivre-ensemble qui nous a toujours caractérisé. Ces maux, dorénavant aux antipodes de ce qui, autrefois, a été aux fonds baptismaux du tissu existentiel de nos aïeux semble, à la désolation de tous , constituer  le principal enjeu  de notre ville. Car dit-on souvent : « un peuple sans culture est comme un homme sans âme » c’est-à-dire sans vie. 


 

           Mimongo une ville d’élites. A priori faire l’éloge de l’élite politique et intellectuelle et pourtant limitée de notre mimongo d’hier paraîtrait absurde au regard de la pléthore d’intellectuels et d’hommes politiques qui écument aujourd’hui notre cité. Mais une chose est d’avoir des cadres, une autre est de savoir mettre son expérience au service de sa ville, de ses concitoyens, de sa nation et même du monde.  Or, la mémoire m’enseigne que nos pères ont mieux vendu l’image de mimongo aux yeux de la nation que nous. Ainsi, notre cité s’est valablement distinguée à travers les villes, les provinces du  pays, et a surtout su se faire respecter. Pourquoi ? La raison est simple. J’ai connu des ministres, des directeurs généraux, des maires, des députés, des préfets, des commis de bureau, des enseignants, des infirmiers, des menuisiers, des chauffeurs, des maçons… tous des hommes de talent et respectables, chacun dans son domaine de compétence, sans interférence aucune. Ainsi, chacun d’eux excellant dans son domaine, jurait toujours d’apporter au mieux sa pierre a l’édifice de la cité ; ce qui induisait un mieux-être collectif, une harmonie sociale, et un écho grandeur nature à travers d’autres horizons du pays.

           

 

 Cet enseignement m’amène à m’étonner de ce qu’on se demande pourquoi la ville de mimongo a-t-elle été oubliée. Au fait, à qui incombe la responsabilité de cet oubli ? Est-ce mimongo qui a oublié les bonnes mœurs qui suscitaient son admiration par les  gouvernants ? Ou les gouvernants qui auraient oublié une cité qui se cherche désormais ? 

            Mimongo un melting-pot. Dans d’autres cieux, la diversité et l’hétérogénéité ethnolinguistique sont des critères de développement socio-économique indéniables. Mais quel usage en fait-on chez nous ? Le repli identitaire consistant en un refus systématique et injustifié de l’autre ne nous a pas du tout aidé à rentabiliser cet atout. 

 

Quand l’avenir du reste du monde se joue dans la construction des grands ensembles à travers la mutualisation des rêves d’ avenir, nous nous offrons, nous, à un isolement suicidaire et à une intolérance faisant de nos ambitions égoïstes l’illusion d’un enjeu politico économique en perspective. Quand les autres développent et communient au mieux leur rêves diurnes, nous excellons plutôt dans la réalisation et l’ interprétation des rêves nocturnes aux élans utopiques et induisant ainsi la mort programmée de notre ville. 


 

           Mimongo une ville académique. L’histoire académique de notre contrée est on ne peut plus éloquente. Mimongo semble avoir eu de nombreux privilèges dans ce sens. Nous avons été pour la plupart nourris aux lettres dans nos célèbres structures scolaires devenues au fil du temps des centres d’intérêt académique de grande réputation. Des témoignages édifiants révèlent bien à quel point nos voisins immédiats,  en quête de savoir, ont fait de mimongo ce que le monde du savoir a fait de l’Égypte antique. Ils en ont vraiment fait le berceau du savoir aussi bien de notre province que de notre pays tout entier. Mais le triste scénario dont la faute ne nous incombe point, est que le savoir puisé par ceux-là ne nous en a pas profité ; un peu comme la Grèce antique a profité du savoir égyptien pour s’offrir la célébrité qui est la sienne aujourd’hui. Dans tous les cas, nous ne pouvons pas leur revendiquer une quelconque reconnaissance. Car il en va de leur bonne foi. 

 

Mais là où nous nous sommes hélas victimisés, c’est dans la fuite de nos cerveaux ; ainsi que dans notre incapacité avouée à nous mettre résolument au service de notre cité. A cela s’ajoute l’interférence et l’irruption opportuniste de talents qui auraient dû se faire valoir dans divers autres domaines de développement de notre cité, à travers l’ intelligentsia chargée véritablement de gérer les affaires politiques de la cité. 

 

Augustin MOBEA, Enseignant et membre du conseil national PDG au 1re siège département de l’ Ogoulou -Mimongo

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3 Commentaires

Guy Clautaire Nzokou - Apr 25, 23:46

Brillante analyse! Chapeau! Que le plus grand nombre lise et comprenne. Beaucoup d'entre nous pensent qu'il suffit de d'installer chez "autrui", c'est à dire dans une autre ville ou province du pays où il fait bon vivre semble-t-il. Oubliant qu'on est plus heureux et en paix que chez soi. Merci pour ce cri d'alarme afin que chaque ressortissant de Mimongo agisse de loin ou de près pour l'épanouissement de notre contrée.

C'est l'héritage du PDG

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