Par Wilfrid Kombe Nziengui
Coup de tonnerre dans le landerneau politique gabonais. Ejecté comme un malpropre du gouvernement, Jean de Dieu Moukagni-Iwangou, alias le Bantu, en appelle désormais à une mobilisation et à l’unité de l’opposition contre le récent projet de modification de la Constitution. Un appel du pied à l’endroit du pouvoir ? Un soudain regain patriotique ? Une volonté réelle de défendre les intérêts de la Patrie ? Autant de questions qui taraudent les esprits des Gabonais.
Lors de la déclaration de presse donnée, lundi 28 décembre dernier, le président de l’Union et Solidarité (US) n’a pas voulu épiloguer sur les motivations de ce revirement à 360°. L’ancien ministre de l’Enseignement supérieur a plutôt remis ouvertement en cause l’intrusion du ministre de la Défense nationale dans le triumvirat censé assurer la transition en cas de vacance de pouvoir. « L'implication du ministre de la Défense nationale dans le processus de transition pose problème », indique sans langue de bois, celui qui, hier encore, chantait les louanges du pouvoir en place.
Et de poursuivre : « La démarcation du ministre de la Défense dans l’instance supérieure, avec autorité sur le Chef du gouvernement, est un précédent, qui s’inscrit en contradiction du cadre de cohérence observé pour la représentation de la fonction parlementaire. (…) L’option suggérée confine à une construction institutionnelle déséquilibrée ».
Adopter une stratégie commune et unitaire
Par ailleurs, le président de l’US en appelle, de ce fait, l’opposition à adopter une stratégie commune et unitaire, pour construire un avenir meilleur pour le Gabon. « L’ambition doit être de créer une opposition constructive. Devant la nécessité de plaider les causes communes, l’opposition doit s’asseoir, pour lever les contradictions internes, afin de retisser le lien entre les partis qui la composent. La République a besoin d’une bonne opposition, qui porte l’espoir d’une offre politique nouvelle », a-t-il déclaré.
Reste que cette proposition, aussi salutaire soit-elle, a peu de chance d’aboutir eu égard au statut « d’opposant alimentaire » qu’incarne, aujourd’hui, le président de l’Union et Solidarité. L’ancien président du Front uni de l’opposition est perçu, par un grand nombre de ses pairs, comme un « traître », « un vendu », qui n’a pas hésité à tourner le dos au combat pour l’alternance démocratique au sommet de l’Etat au profit de son enrichissement personnel. En gros, un homme politique militant pour une « opposition » au régime au gré des intérêts du ventre.
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