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Mort d'un prisonnier au cours d'une bagarre : SOS Prisonniers dénonce le laxisme de l’administration carcérale et les conditions de détention

IMG La Prison centrale de Libreville où a eu lieu le drame.

Il a fallu que l’association de défense des droits des détenus monte, une nouvelle fois, au créneau pour que cette affaire soit rendue publique. Mouanda Gloire Emmanuel, détenu à la prison centrale de Libreville,  vient d’être tuer au cours d’une bagarre par un autre prisonnier. Le tout devant les yeux d’une administration carcérale qui a fait preuve d’un laxisme à la limite de la complicité. SOS Prisonniers est revenu sur les circonstances de ce drame.   

 

 

Tristesse et consternation habitent les détenus du 2ème quartier de la prison centrale de Libreville suite à la mort brutale ce dimanche 1er mai 2022, d'un prisonnier au cours d'une bagarre avec un autre détenu chargé de la sécurité.

 

Sieur Mouanda Gloire Emmanuel était incarcéré à la prison centrale de Libreville depuis le 22 juin 2021 et condamné à 1 an de prison ferme pour vol aggravé, sa peine expire le 22 juin prochain. Dimanche matin dès 7h, comme chaque dimanche, Mouanda Gloire Emmanuel a quitté son quartier (2ème quartier) pour aller assister au culte à la salle polyvalente de la détention.

 

Après le culte, il a regagné son quartier vers 10h. Mouanda étant fatigué, il est allé dormir à la place de Sieur Mboubanda Bienvenu, placé sous mandat de dépôt le 22 juin 2015 pour vol avec violence, coup et blessure volontaire. Ce dernier est chargé de la sécurité dudit quartier.

Quelques minutes après, Mboubanda Bienvenu, voyant son codétenu dormir à sa place, n'a pas du tout apprécié cela. C'est ainsi qu'une rixe entre les deux est déclenchée.

 

Comme dans un film de karaté, le chargé de la sécurité du 2ème quartier, Mboubanda Bienvenu, va taper un "Mawashi-geri" au niveau des côtes à Mouanda.  Mouanda s'écroule sous les regards des autres détenus. Il tente alors de se relever pour riposter. Mais visiblement, le chargé de la sécurité est plus fort, il assène un coup de tête fatal à Mouanda Gloire Emmanuel.

 

Le coup de tête est violent… à tel point que la tête de Mouanda va percuter le mur. Mouanda passe de vie à trespa….

 

Pourquoi Mouanda Gloire Emmanuel a-t-il laissé sa place pour aller dormir à la place de Mboubanda Bienvenu ?

 

Tous les deux sont dans le même quartier (2ème quartier) , l'effectif de ce quartier serait de 500 prisonniers, dont 346 prévenus. Pour dormir dans ce quartier, les prisonniers sont obligés de faire des rotations. Par exemple: de 21h à 23h c'est le détenu X qui dort, de 23h à 1h du matin, c'est le détenu y qui dort. Pour le cas de Mouanda Gloire Emmanuel: dans son bloc, il y a un matelas d'une place, et sur ce matelas d'une place ils dorment à 4.  C'est pourquoi ils font la rotation pour dormir.

 

En revanche, le chef de quartier et son équipe, le chargé de la discipline, de la sécurité et autres, bénéficient de meilleures conditions. Raison pour laquelle Mouanda a voulu profiter de meilleures conditions en allant dormir à la place de Mboubanda.

 

Aussi, pendant la bagarre, où était passé le chef de quartier monsieur Okouna Franck ? Où était passé le chef de quartier adjoint ? Où était le chargé de discipline, le commandant de brigade, les éléments de la sécurité et les agents de la sécurité pénitentiaire pour séparer cette bagarre ?

Monsieur Okouna Franck, chef du 2ème quartier et son équipe ont l'habitude de terroriser les autres détenus et laisser les détenus se battrent comme dans un ring. Ce chef de quartier n'hésite pas de dire à qui veut l'entendre qu'il fait ce qu'il veut dans ce quartier et qu'il bénéficie du soutien des autorités.

D'ailleurs, le 8 octobre 2021, quand SOS Prisonniers Gabon avait dénoncé la mort du prisonnier Thomas Glokpon, c'est le chef de quartier, Okouna qui était allé témoigner en faveur des autorités pénitentiaires.

 

En moins d'un an, ce quartier enregistre son 2ème décès dans des conditions tragiques, après celui de Thomas Glokpon début octobre 2021.

 

Ce décès brutal met aussi au goût du jour le problème de la surpopulation carcérale, le manque d'infrastructures adéquates pour les détenus et la mauvaise gestion des prisonniers.

Comment comprendre que dans un quartier de 500 détenus, il n'y a que 144 personnes jugées ? Comment comprendre qu'un matelas d'une place soit réservée à 4 ou 5 détenus ?

Comment comprendre que les détenus jugés pour des délits se retrouvent dans les mêmes quartiers que les détenus poursuivis pour crime ?

 

Le bâtiment de la prison centrale de Libreville ne répond plus à la capacité d'accueil ni aux normes internationales des droits humains.

 

SOS Prisonniers Gabon adresse ses sincères condoléances à la famille de Mouanda Gloire Emmanuel.

 

SOS Prisonniers Gabon, pour le respect des droits humains en milieu carcéral

HUMANISONS LES PRISONS

 

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1 Commentaires

Rompavet - May 03, 11:42

Tellement triste de mourrir pour un sommeil...


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