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Société

Tribune libre : « Au final, on se demande à quoi sert le Doctorat si l’on ne peut exercer ? »

IMG A l'UOB les recrutements font l'objet de plusieurs magouilles.

 

Que deviennent les Docteurs à leur retour au Gabon ? Il faut d’abord rappeler que le Doctorat, qui vient du latin Doctorem, qui signifie enseigner est le diplôme universitaire le plus élevé qui permet  premièrement aux détenteurs d’exercer dans les établissements supérieurs avant de s’ouvrir à d’autres domaines.  

 

Mais force est de constater que depuis 2014 et 2017 l’année officielle du gel de recrutements  à la fonction publique jusqu’à nos jours, le ministère de l’Enseignement Supérieur,  qui a la  charge de recruter les docteurs a subitement bloqué les recrutements alors que cette mesure épargnait les domaines fragilisés de la santé et de l’éducation qui ont un manque criard du personnel. Je suis décontenancée par une telle décision certainement prise en interne puisque le contenu de  cette mesure ne mentionne nullement ces deux secteurs.  Nous le constatons d’ailleurs à  travers les propos ci-dessous de Monsieur  le Premier Ministre Emmanuel Issoze Ngondet :

 

«Afin de permettre une maîtrise optimale de l’évolution de la masse salariale de l’État, et une meilleure gestion des ressources humaines, le gouvernement sursoit pour une durée de 12 mois, à compter du 31 juillet 2017, à tout recrutement dans la fonction publique et dans les établissements publics personnalisés»,

 

Un an plus tard, cette mesure avait été reconduite pour un gel de recrutement de trois ans ce qui totalise quatre années et même  plus, puisque nous somme déjà en 2021.  Si l’on s’en tient à cette mesure, les Docteurs devraient automatiquement être recrutés après leurs études. Or, nous constatons qu’intégrer les établissements supérieurs au Gabon relève désormais de l’impossible. Pour y accéder, il faut avoir ce que les gabonais appellent communément «  les long bras », il faut soudoyer les enseignants ou être leur valet.

 

Dans un tel milieu relativement oppressant on frôle  rapidement l’humiliation. Le stress de la longue attente d’embauche est automatiquement amplifié et greffer de magouilles, et arrangements entre collaborateurs enseignants. C’est presqu’une guerre constante jonchée de coups bas. Pour éviter cette oppression, il faut peut-être songer à d’autres alternatives qui semblent tout de même fermer avec le gel  interminable de recrutement à la fonction publique. Le Docteur, comme aspirant fonctionnaire se trouve asphyxié dans un engrenage sans fin puisque les voies autres que l’enseignement sont toujours verrouillées.

 

Au final, on se demande à quoi sert le Doctorat si l’on ne peut exercer ?  Faute d’accès aux laboratoires de recherche, aux établissements supérieurs, etc. le Docteur d’aujourd’hui est contraint sinon réduit à faire des vacations et donner des cours dans les établissements secondaires  en attendant simplement que la vieillesse le rattrape. Je me demande aussi,  pourquoi continuer à former les Docteurs si les dossiers sans suite favorable s’empilent dans les directions des établissements supérieurs et si les commissions de recrutement sont quasiment  invisibles et les modalités de recrutement aléatoires?  

 

 

(*) P.L  est un jeune gabonais détenteur d’un doctorat. Il a tenu à publier cette tribune libre sous couvert de l’anonymat.

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1 Commentaires

Apel - Apr 13, 21:32

Pourquoi garder l'anonymat alors que le sujet abordé relève d'un fait avéré? Le mal du pays est parfois de traiter des questions importantes à visage couvert. Être libre c'est aussi assumer et défendre publiquement sa << thèse>>. Bien cordialement


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