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Union Nationale : Mauvais perdant, Paul Marie Gondjout entre au maquis

IMG Paul Marie Gondjout, ancien Sécrétaire Exécutif Adjoint de l'Union Nationale.

«  Je suis venu rencontrer ceux qui animent le parti ici ». Nous sommes à Oyem, la capitale du Woleu-Ntem dans le nord du pays. C’était le week-end dernier, et l’homme qui s’annonce ainsi, au beau milieu d’un groupe de militants du principal parti d’opposition du Gabon s’appelle Paul-Marie Gondjout. Il a pour récente référence aujourd’hui d’avoir été battu par Paulette Missambo à l’élection du président de l’Union Nationale en novembre dernier.

 

Depuis cet échec, la place de simple militant de la Commune de Lambaréné qu’il avait annoncée comme choix personnel assumé avec honneur et dévouement est devenue trop étroite pour lui. Non seulement il se fait donner du Monsieur le président en public, on se demande bien de quoi ?  Il multiplie en plus les actes de défiance envers le bureau du parti mis en place par le congrès de novembre dernier au point de poser des actes de nature à diffuser dans les esprits l’idée au mieux, d’un bicéphalisme à la tête de l’Union Nationale, et au pire l’incapacité de l’actuelle présidente à tenir ses troupes et de laisser un vide que lui serait obligé de combler. En définitive, le geste chevaleresque de féliciter son adversaire à sa sortie du Congrès de novembre n’aura été qu’une belle hypocrisie.

 

Cette virée dans le Woleu-Ntem annoncerait en réalité un périple à l’intérieur du pays. Une espèce de tournée républicaine à la Jean Ping pour prendre de l’avance en prévision de l’élection présidentielle et de la primaire interne au parti qui devrait la précéder. Paul Marie Gondjout n’a jamais fait secrète son ambition de se porter candidat à cette élection majeure. Il en a le droit. Mais cette initiative ne peut et ne doit se mener en marge du parti dont il est membre, sans en informer le directoire qui de toute manière ne s’y serait pas opposé et l’aurait plutôt aidé à l’affiner. Le bât blesse quand il ne se sent pas dans le besoin de prendre attache avec sa hiérarchie qu’il met devant le fait accompli. Il n’a pas besoin d’elle pour se mettre dans une posture d’envergure nationale qui est du ressort de la seule présidente du parti. Comme si un candidat battu à une élection devait automatiquement s’adjuger un statut de militant particulier.

 

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il passe au-dessus de la tête du nouveau Directoire pour poser des actes de portée nationale.

 

Le 10 février dernier, ignorant totalement l’appel de la présidente pour un anniversaire délocalisé dans les coordinations, manifestation qu’a d’ailleurs boycottée celle du 1er arrondissement de Libreville dont l’épouse est leader, Paul Marie et Chantal Myboto Gondjout ont organisé sous camouflés une manifestation parallèle et à l’insu du Directoire en recevant la petite frange de leurs proches sous l’usurpateur qualificatif de militants des 9 provinces au domicile de l’ancien président Zacharie Myboto sous le prétexte de lui rendre hommage. Il y avait là son équipe de campagne certes, mais aussi et surtout Raphaël Bandega Lendoye, l’ancien président du Bureau du Congrès qui a finalement officialisé sa non neutralité tant décriée avant et pendant les assises, et sa déception de voir la liste Missambo triompher malgré ses vigoureux coups de pouce. Il y a mieux !

 

Il y a aussi cette lettre qui défie toutes les règles de bienséance, adressée à son supérieur hiérarchique qui la découvre sur les réseaux sociaux avant de la recevoir physiquement. Cette lettre à Paulette Missambo dans laquelle Paul Marie Gondjout vomit toute sa bile contre la nouvelle administration. Il n’accepte pas le changement d’adresse du parti, il refuse le droit d’enregistrer les adhésions en dehors du siège et surtout s’insurge contre la remise à plat du fichier des militants, le tout sur un ton de donneur d’ordres, en menaçant de remettre en cause l’élection de novembre qu’il a perdue. Ce fichier qui n’avait été ni examiné ni validé en Bureau National comme l’exigent les statuts, qui avait fait l’objet d’un audit des deux candidats avant le congrès de novembre avec l’effarante découverte de 200 congressistes non militants de l’Union Nationale mis dans la salle là pour servir de bœufs votants. Ce fichier dans lequel des membres statutaires du parti n’étaient pas enregistrés, et sur lequel l’unanimité avait pourtant été trouvée de totalement le refaire.

 

Ce qui est clair, c’est que beaucoup plus qu’en décembre 2020, les Gondjout acceptent peu ou mal l’issue du congrès qui a élu Paulette Missambo à la tête de l’Union Nationale.

 

Ses ambitions de présidence de la République se retrouvent compromises avec une candidature moins assurée que s’il avait gagné. Il devra donc passer par des primaires internes mais l’ambiance préélectorale injurieuse entretenue par ses proches et ses mots aigres à l’endroit de Paulette Missambo ne garantissent plus rien, d’autant qu’il ne participera plus à la confection de la liste électorale pour y injecter des noms qui lui sont favorables. Cette perte d’assurance explique certainement les difficultés actuelles à éponger les dépenses du dernier congrès. Malgré l’entente d’un égal partage des charges accepté par les deux listes avant le congrès de 2021, malgré l’enveloppe de 25 millions exhibée en défi comme garantie de participation aux frais, le couple refuse aujourd’hui de rembourser à l’équipe de Paulette Missambo une dette d’un peu plus de 2 millions relative à des avances de décaissement effectuées avec certitude de compensation sur la base d’un gentleman agreement entre les deux parties. Le prétexte étant qu’ils ont financé seul le premier congrès dont le budget n’avait cependant été ni discuté, ni adopté en Bureau National. Ce premier congrès dont les plaintes de nombreux impayés au nom du couple et non de l’Union Nationale, pleuvent encore sur le bureau du Secrétaire Exécutif. 

 

La primaire perdue d’avance

 

On le voit bien, Paul Marie Gondjout s’est mis en mode solitude et défiance. Cette posture a une stratégie de communication qui lui permet de jouer sur son score du scrutin de novembre 2021 en se posant à tort, et il le sait, comme quelqu’un qui pèse la moitié du parti. Mais en réalité, il prépare l’opinion à se victimiser dans tous les cas de figure qui se présenteront à lui. Porté à bout de bras par l’ancien président qui a violé les dispositions statutaires du parti pour valider sa candidature, soutenu et le terme ne suffit pas pour le dire par le président du Bureau du Congrès, disposant d’une liste d’électeurs qu’il a bidouillée lui-même pour se faire élire, il a quand même été battu. Ce n’est pas maintenant qu’il ne contrôle rien, qu’il n’a aucun moyen de pression qu’il pourra gagner une élection interne du parti. Et il le sait. Il ne lui reste qu’une alternative : poser des actes de défiance qui pourraient lui valoir une sanction, ou au pire s’auto causer une frustration qui l’emmène à claquer la porte du parti pour bénéficier d’un doute favorable qui entretiendrait son image avec l’illusion d’une implosion de l’Union Nationale. Cette deuxième hypothèse semble la plus probable, puisque de toute manière et il le dit, avec ou sans l’Union Nationale, il sera candidat à la présidence de la République.

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