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Mais que se passe-t-il donc chez Woodbois Gabon ?

IMG L' opération de charme de Woodbois auprès du premier ministre cache de nombreuses mesquineries.

Un article publié récemment par notre confrère Gabon Review, manifestement bien renseigné, a attiré notre attention et nous a amenés à essayer de comprendre plus précisément quelle est la situation de Woodbois Gabon sur le terrain. Nous avions déjà relevé des anomalies sérieuses, notamment auprès des populations de l’Ogoulou, mais ces révélations supplémentaires nous ont convaincus de contacter différents protagonistes impliqués dans ce dossier ou le connaissant.  D'où  cette enquête.

 

Il est loin d’être complet, mais ce qui est observé donne déjà une bonne idée de la réalité, et peut-être même d’un agenda caché : laisser la société sombrer doucement dans ses difficultés, pour la racheter à vil prix, en gommant les dettes au passage. Car la situation sur le terrain est tellement catastrophique, qu’il semble presque impossible de la redresser, surtout pour un opérateur lourdement handicapé par le poids de ses dettes et le manque de compétences de terrain de ses cadres actuels.

 

Depuis près de trois mois, la société gabonaise de foresterie, opérant dans la zone de Mouila et devenue par rachat la filiale d’une structure financière londonienne, est dirigée par un nouveau PDG, dont le cœur de métier et l’expérience professionnelle (hébergement de vacances notamment) sont pour le moins éloignés du domaine de la foresterie, mais qui offre aux autorités gabonaise l’image d’un homme d’entregent, souriant et désireux de développer et de diversifier les activités de la société dont il constitue la vitrine.

 

 

Les investisseurs, qui l’ont désigné pour porter leurs intérêts financiers, comptent certainement sur son sens relationnel et ses capacités de communiquant pour séduire et rassurer nos décideurs nationaux. Il s’agit ainsi de ‘’restructurer’’ les activités sur le segment du bois, tout en préparant le terrain pour l’octroi de nouveaux marchés au profit de partenaires non encore identifiés (quoique… nous y reviendrons…).

 

Cependant, il y a comme un très gros hiatus, car la démarche s’apparente presque à une danse du ventre au vu de promesses égrenées avec une touchante sincérité (apparente) par notre interlocuteur. Si La Fontaine, fort de sa subtile expérience des hommes et des apparences, était encore de ce monde, il nous soufflerait que le ramage de ce bel oiseau ne concorde pas vraiment avec son plumage.

 

Et pour cause ! Tout se passe comme si l’on assistait, dans tel ou tel salon ministériel, à un numéro de prestidigitateur bien huilé, réalisé par un maestro de la discipline.

 

Et pendant que l’on nous berce à Libreville avec une restructuration et des engagements solennels de redémarrage des travaux sur le chantier de réhabilitation de l’axe Mimongo – Pont Offoué, qu’en est-il réellement sur le terrain ?

 

Les informations obtenues sont sans appel. On pourrait presque en sourire si ce n’était pas le résultat d’une gabegie, laissant des villageois dans l’isolement, faute de pouvoir circuler et alors que l’opérateur a été payé (il a juste oublié de régler son sous-traitant), des salariés payés au compte-gouttes, des charges sociales et fiscales évaporées, des taxes de superficies non versées, des incidents techniques à répétition, des promesses à nos dirigeants non tenues.

 

En voici quelques exemples :

 

Aminata Anselle, Directrice Woodbois Gabon récemment nommée en interne, mais se présentant comme simple conseillère, mouille le maillot pour participer activement au déménagement des bureaux. De nuit, c’est plus confortable : il fait moins chaud, mais il faut se dépêcher à cause du couvre-feu…

 

Cet ancien mannequin, occasionnellement figurante dans une série B et secrétaire au Board (Direction) de la structure de Londres, dispose très certainement de solides compétences dans le cadre de ses nouvelles fonctions. Mais peut-être revient-elle ici à l’une de ses activités : la figuration ?

 

 

Pour leur part, les salariés de l’usine de Mouila, ne semblent guère ravis  du comportement à leur égard de la nouvelle direction… Ils le montrent en se mobilisant, avec un résultat mitigé. Ils ont touché un arriéré de salaire, mais le phénomène s’est reproduit. Ce n’est pas anormal, car selon nos sources, la Maison mère (à Londres) connaît de sévères difficultés financières, en raison d’un niveau d’endettement très élevé.

 

 

La ‘’route’’, ou ce qu’il en reste, pour que les population de la zone de Mimongo puisse sortir des affres de l’enclavement après une longue période d’isolement. À cet égard, une partie importante du tronçon entre Mimongo et Pont Offoué a été réhabilitée avec succès par le sous-traitant de Woodbois,  WestCo BTP, mais ce dernier, qui n’a pas été payé par Woodbois, n’est plus en mesure de poursuivre et d’achever sur ses propres deniers.

 

Pour rassurer les pouvoirs publics et la population, M. Guido Theuns s’est engagé solennellement à une reprise des travaux le 20 mars dernier, mais il ne s’est encore rien passé sur ce plan. Et ce n’est pas prêt de se produire, car il semble que la société ne dispose pas du matériel approprié, voire des savoir-faire requis pour un travail de qualité. Le résultat est là, les populations sont lasses et désespérées, car rien ne bouge en dépit de leurs appels à l’aide.   

     

 

Des problèmes internes en matière de fonctionnement.

La production s’est littéralement effondrée sur l’exploitation de Mouila, elle ne dépasse pas le tiers de ce qu’il faudrait produire pour être rentable, à savoir ne pas perdre d’argent. Et comme cette situation dure depuis plus de six mois, c’est une vraie catastrophe, financière et matérielle.

Des accidents commencent même à se produire, qui ne peuvent passer inaperçus !

 

 

Dans leur hâte de restructurer, et surtout de se débarrasser des cadres un peu anciens, considérés comme trop liés à leur ancien patron et fondateur de l’activité, la nouvelle Direction a remanié le dispositif de manière approximative, sans trop s’assurer des compétences de terrain des nouveaux cadres. L’explosion de la chaudière du séchoir à bois, faute d’eau, en constitue un exemple magistral.

 

 

Fort heureusement, il n’y a pas eu de blessé, car c’était violent !

 

Enfin, la présence aux côté de M. Guido Theuns, reçu par le Premier ministre ce 19 mars, de Madame Hortense Ngema Okome questionne. Notre compatriote travaille à la CEEAC, mais en quoi serait-elle liée, de près ou de loin, aux dossiers relatifs à Woodbois et à ses activités au Gabon. Peut-être a-t-elle servi d’intermédiaire pour obtenir cette audience ? Ou conseille-t-elle la société dans le cadre de ses démarche au Gabon ? Mystère…

 

 

En conclusion, une grande vigilance est de mise face à ce qui s’apparente à de la tromperie à grande échelle.

 

Il est un peu facile pour M. Theuns de justifier le naufrage actuel en invoquant une mauvaise gestion de ses prédécesseurs, même si ces derniers partagent un point commun avec lui : ils ne connaissent pas grand-chose au métier de l’exploitation forestière sur le terrain.

 

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