Pour un président qui doit, dans dix mois, défendre son mandat devant le peuple la visite d’un centre multisectoriel non-livré et celle d’un centre régional hospitalier atteste du vide viscéral en termes de projets d’envergures. Ali Bongo quitte Port-Gentil profondément insatisfait du niveau de développement de la capitale économique du Gabon. Voiries urbaines en piteux état, insalubrité, pauvreté généralisée, absence d’eau potable, cherté de la vie, chômage, fermeture d’entreprises…
Autrefois enviée pour son attractivité économique et le niveau de vie des habitants, la ville de Port-Gentil s’est transformée en une sorte de ville fantôme. A des années lumières de la promesse faite par Ali Bongo de transformer cette ville en « petit Dubai » dès sa prise de pouvoir en 2009. Le niveau de « développement » de la ville contraste avec sa contribution aux finances publiques à travers l’exploitation du pétrole.
Rien d’étonnant. En 14 ans à la tête du pays, Ali Bongo découvre par lui-même qu’aucun investissement conséquent n’a été mobilisé pour transformer Port-Gentil en « Petit Dubai ». A qui la faute ? Certainement pas aux multiples gouvernements. Sans réelle boussole, Ali Bongo donne l’impression d’un dirigeant qui navigue à vue.
Personne ne sait, par exemple, ce qu’est devenu le projet de construction du port en eau profonde de Port-Gentil. Un port qui devait intégrer un plan de développement urbain de la capitale économique et qui comportait d’autres infrastructures hôtelières, industrielles et commerciales.
Le projet de construction de la zone économique de l’île Mandji est aussi une autre arlésienne. Cette infrastructure qui avait pour vocation de permettre le développement de l’industrie de transformation du bois, et l’implantation des usines de traitement et de conditionnement des ressources halieutiques n’a jamais vu le jour. Ne parlons pas de l’université internationale de Port-Gentil dont l’inauguration est désormais repoussée pour juin 2023. Là encore, il faut espérer que cela ne soit pas une autre promesse électorale.
Devant un tel échec, s’il restait un chouia de lucidité au chef de l’exécutif, il devait se rendre compte que la terre se dérobe sous ses pieds et qu’il est encore temps de sortir par la grande porte.
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