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Société

Un retraité écrit à Ossouka Raponda : « Quelle est cette logique qui consiste à pénaliser ceux qui vivent de miettes… »

IMG Ossouka Raponda va-t-elle daigner répondre aux préoccupations des retraités ?

A son Excellence, Madame la Première ministre, Cheffe du Gouvernement

 

J’ai l’honneur de venir, une fois de plus, par la présente, vous dire que « nous sommes toujours là, à attendre ». Nous, il s’agit de nous autres qui savons attendre quand l’Etat nous le demande. Mais l’attente devient si longue qu’on a peur que le problème des retraités de la Fonction publique ne soit plus à l’ordre du jour.

 

Excellence, Madame la Première ministre, notre culture, notre éducation ne nous permettent pas de voler, ni de mendier. Nous avons voulu nous rendre utiles à notre pays, et à nos familles, en travaillant dur. Maintenant que nous n’avons plus l’âge de travailler à la Fonction publique, l’Etat nous met à la retraite sans mesure d’accompagnement, ou plutôt, refuse de nous être reconnaissant, après plus de trente ans de bons et loyaux services sous sa tutelle.

 

En 2010, alors doyen des enseignants de mon établissement, le lycée Mabignath, j’avais su conscientiser mes jeunes collègues grévistes à surseoir au mouvement de grève, partant du principe que « l’Etat ne peut remplir ses obligations que si les citoyens, de leur côté, font tout ce qu’il faut pour rendre possible son bon fonctionnement ». Nous pensons avoir fait ce que l’Etat attendait de nous. Mais nous ne comprenons pas les atermoiements de l’Etat à satisfaire ceux qu’il a déjà employés, et qui n’attendent de lui qu’un acte de reconnaissance.

 

Ceux qui avaient repris le travail, consciencieusement, à cette époque, sont, aujourd’hui, des retraités malheureux, qui se battent, depuis des années, suppliant l’Etat « d’honorer sa parole ».

 

Quand la dette n’est pas payée, ou quand elle tarde à être payée, le créancier rappelle au débiteur ce qu’il lui doit. C’est tout simplement ce que je fais, vous rappeler ce que l’Etat doit aux retraités de la Fonction publique, et qui fait partie de la dette intérieure.

 

A la date du 22 septembre 2020, je vous avais adressé, Madame la Première ministre, une correspondance où j’exprimais mon inquiétude, ma frustration même quant au non-paiement des rappels de solde qui sont déjà calculés. A cette date, je totalisais huit (8) ans d’attente, aujourd’hui, j’en compte dix (10), sans que mon rappel de solde ne me soit versé dans le compte.

 

Excellence Madame la Première ministre, la patience est une vertu, certes. Mais l’homme ne vit pas de patience, l’homme vit de son travail, et « toute peine mérite salaire ». Retraité de la Fonction publique gabonaise, j’ai accompli mon devoir vis-à-vis de l’Etat, tout comme les autres retraités. Après les initiatives courageuses et louables prises en 2013 et 2014 par les anciens Premiers ministres, Raymond Ndong Sima et Daniel Ona Ondo, témoins oculaires de la misère des retraités gabonais, lesquelles initiatives ont conduit au paiement des rappels de solde, les retraités dont les noms ne figuraient pas sur les listes des ayants droit attendent. La supercherie selon laquelle les rappels de solde sont bloqués, parce que l’Etat veut « résorber le déficit financier », ne tient plus du tout. Car chaque année, des dizaines de milliards de nos francs s’évaporent des comptes publics.

 

En Afrique, le vieillard est « sacré ». Mais le vieillard gabonais, qui, de surcroit, a rendu de bons et loyaux services à l’Etat, se voit privé du « bonheur » que le président Ali Bongo Ondimba a promis au peuple gabonais. De quel bonheur va-t-on me parler, quand j’attends mon rappel de solde, qui est déjà calculé, depuis dix (10) ans, sans aucun espoir de le percevoir un jour ? Quelle est cette logique, qui consiste à pénaliser ceux qui vivent de miettes, et qui n’ont rien volé, au même titre que ceux qui ont détourné des dizaines, voire des centaines de milliards de Fcfa au détriment de l’Etat gabonais ?

 

Excellence, Madame la Première ministre, la multiplication des frustrations n’a jamais été un bon signe dans un pays. Ne dormez pas, faites quelque chose en faveur de vos parents et grands-parents qui ont presque perdu tout espoir. Les délits commis dans nos sociétés ont souvent pour cause, la misère, la pauvreté.

 

Nous sommes convaincus, Madame la Première ministre, que vous n’aimeriez pas voir vos parents croupir dans la misère, après avoir servi l’Etat dont vous êtes, aujourd’hui, Cheffe du Gouvernement.

 

Bentham, philosophe anglais du XIXe siècle disait : « les gouvernements ont été créés pour rendre les hommes heureux ». Au gouvernement gabonais de juger lui-même, s’il nous rend heureux.

 

Nous sommes toujours là, à attendre.

 

Veuillez agréer, Excellence Madame la Première ministre, Cheffe du Gouvernement, l’hommage de ma très haute considération.

 

Libreville, le 22 septembre 2022

Gilbert Nguema-Mbeng, Enseignant retraité

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